Peindre, « on ne sait jamais d’où viendra l’appel« , Georges Braque
Volontairement non datés, ces divers textes recopiés peu à peu de mes carnets sont de toutes époques. Leur validité tient-elle dans le temps ou ces textes ne sont-ils toujours qu’instants transitoires d’une pensée qui tâtonne sans fin ?
La main avance dans l’inconnu; cherche son lieu, guette le vivant. Rien ne prépare le tableau, sinon ce qui infuse depuis si longtemps en soi, regards, émotions, forces, faiblesses, limites, combats d’ombres et de lumières. Puis arrive un temps où, comme en gravure, on atteint une zone irréversible. Ce n’est pas un arrêt ni un accomplissement mais un temps où formes et couleurs réclament un repos, demandent plus ample respiration. Les couleurs suivent leurs propres intuitions, s’accordent, s’engagent et la main suit. ©M.A.
Flammes rouges / – réveil impromptu / Dans les yeux l’ininterrompu / du songe que poursuit la peinture / en taches d’ombres sur fond de velours rouge / taches d’yeux qui seuls peuvent voir / briller dans l’épars des pierres noires // et comme suspendu entre la nuit et le jour / nous vient un désarroi une sorte d’orage / qui finit par donner forme aux fruits rouges / posés sur la toile par une main brûlante // et ce qui tremble alors dans le regard / est le disque de lumière éblouie / par le sombre rougeoiement du couchant © poèmes M.A.
D’une lente et confiante persévérance, malgré les dangers, viennent le sens, la forme, et la couleur exacte (quoique insaisissable), la justesse de ce que la peinture prépare jusqu’à sa découverte.