« C’est toujours de la couleur, et pas encore de la lumière ».
Bonnard.
La peinture comme un jardin.
Les Eaux bleues ont une manière musicale d’interroger notre regard entre foisonnement et réalité passagère, présence insaisissable et ancrage dans la terre. Le monde visible est en ce lieu particulièrement fugitif, vu à la renverse ; Les Eaux bleues sont une vasque tissée de mailles entrelacées de reflets d’arbres, de feuilles, d’ombres et de lumières du ciel. Les couleurs ne cessent de varier et de chatoyer. Comment peindre cela sans arrêter les mouvements de chute et d’élévation, les noyades et les arabesques des lianes, des herbes, et toutes nuances animées par les souffles de l’air ? Peut-on faire de cette réalité, parfois proche du rêve, un lieu mouvant qui s’accorde à ce monde à la fois éphémère et intemporel ?
Il n’y a aucune certitude en peinture. Seul l’émerveillement. Chaque couleur en est un jalon poétique, une invitation au jardin : « Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches », voici Monet, voici Verlaine : « et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux ».
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Dans le bruissement des feuillages, le bruissement des couleurs est une lumière et une musique.
« Mille couleurs, et une ombre seule te dévêt ». António Ramos Rosa
Nous redoublons le monde avec nos mots et ce n’est plus le monde et pas seulement des mots.
Crépuscule ou forte lumière, nous sommes bordés d’eaux, d’herbes et de pierres dans un couloir du temps. Le fond de la toile est blanc, lavé par le regard, aux limites du visible.
Les feux du couchant, 2023. Aquarelles sur Moulin du Gué.